Dogen
«Je n’ai jamais entendu dire que quelqu’un ait eu des résultats sans étudier ou atteint la réalisation sans pratiquer.»Maître Dôgen
«Si tu ne trouves pas la vérité à l’endroit où tu es, où espères-tu la trouver ?»Maître Dôgen
«Se connaître soi-même, c’est s’oublier. S’oublier soi-même, c’est s’ouvrir à toutes choses.» Maître Dôgen – GenjôKôan
L’Histoire de Maître DOGEN :
Dôgen Zenji, fondateur de l’école du zen Sôtô au Japon ainsi que du temple d’Eihei-ji, est né le 2 janvier 1200, pendant l’ère Kamakura.
Il perdit son père à deux ans et sa mère à huit ans. Juste avant de mourir, sa mère lui recommanda de devenir moine afin d’aider au salut de tous les êtres. Très tôt, encore enfant, il réalisa la nécessité de chercher la vérité au-delà du monde des apparences. On dit qu’il réalisa l’impermanence de toutes choses en voyant s’élever la fumée de l’encens lors de la cérémonie de funérailles de sa mère.
Orphelin, Dôgen fut accueilli par un de ses oncles, un illustre poète qui lui fit approfondir la poésie, ce qui imprègnera fortement toutes ses œuvres futures.
A l’âge de 13 ans, il quitta la maison familiale et décida de renoncer au monde. Il se rasa la tête et reçut l’ordination de moine sur le mont Hiei, près de Kyôto, principal centre de l’école Tendai.
Mais à cette époque, l’école Tendai entrait dans une phase de décadence, insistant beaucoup trop sur les cérémonies, développant le formalisme de la vie monastique. Dôgen se concentrait jour et nuit sur sa pratique, mais de plus en plus de doutes l’assaillaient et il ne pouvait en rien réaliser ses aspirations.
A quatorze ans, il se posa la question : « Les doctrines que j’étudiais affirmaient toutes que l’Eveil était inhérent à tous les êtres vivants. Comment dans ce cas se fait-il que les bouddhas de tous les temps aient dû rechercher l’Eveil et s’engager dans la pratique spirituelle ? »
Personne ne put lui répondre d’une façon satisfaisante. En quête du vrai Dharma, il décida donc de quitter le mont Hiei.
Dôgen rencontra alors maître Eisai (1141-1215), récemment rentré de Chine, qui enseignait le zen Rinzai au temple de Kennin-ji, puis à sa mort il devint le disciple de Myôzen Ryônen (1184-1225), successeur d’Eisai. Bien que cette école ne le satisfît pas complètement, il pratiqua profondément pendant neuf ans auprès de Myôzen et sentit se développer son intérêt pour la pratique du zen. Érudit, ayant une connaissance approfondie de nombreux textes bouddhiques, son exigence le poussait sans cesse à la recherche de nouveaux maîtres. Il décida alors de se rendre en Chine, aux sources du bouddhisme zen.
Le 22 février 1223, à l’âge de vingt-quatre ans, accompagné de Myôzen et de deux autres moines, il prit le bateau pour la Chine à la recherche de la Voie authentique du Bouddha.
Dôgen et Myôzen se séparent dès leur arrivée.
Un jour, tandis que Dôgen était resté à bord du bateau, il y rencontre alors un vieux moine qui était monté acheter des champignons sur le bateau japonais. Celui-ci, était tenzo (cuisinier) dans un temple de la montagne près de Shangai. Son visage impressionnant Dôgen, il lui demanda de passer une nuit à bord du bateau souhaitant discuter avec lui. Comme il refusait, Dôgen lui demanda si d’autres moines pouvaient faire le repas à sa place.
« Je suis vieux, répondit-il, et je suis tenzo. C’est la pratique de mes vieux jours. Comment pourrais-je laisser à d’autres ce que je dois faire ?
– Vénérable moine, répondit Dôgen, pourquoi une personne âgée comme vous devrait-elle faire ce travail si éprouvant au lieu de lire et d’étudier les sutras ? »
Le moine éclata de rire et dit : « Jeune ami venu de l’étranger, vous semblez bien ignorant de ce que signifient la pratique et l’enseignement du bouddhisme ! » Leur entretien est rapporté dans ses « Instruction au cuisinier » (Tenzo kyôkun, 1237).
Il l’invita à venir lui rendre visite dans le temple de son maître, et il le salua.
Dogen fut très impressionné par cette rencontre.
En 1225, il se rend donc au temple du maître zen Sôtô, Nyojô, et le rencontre ainsi pour la première fois.
Maître Nyojô était très exigeant et rigoureux. Un jour, au cours d’une sesshin, Dôgen reçut un grand choc. Alors qu’il était assis en zazen, son voisin s’endormit sur son zafu. Nyojô d’une voix forte s’écria : « Shin jin datsu raku ! Abandonnez le corps et l’esprit! » Et il frappa fortement le moine avec sa sandale, le faisant tomber de son siège. En entendant ces paroles, l’esprit de Dôgen subit une profonde révolution intérieure.
Nyojô disait souvent : « Je suis âgé et fatigué, mais si je ne vous éduque pas ainsi, je vais à l’encontre de l’enseignement du Bouddha ».
Dogen était quant à lui complètement dévoué au zazen.
Dôgen resta deux ans auprès de Nyojô, puis en 1227, il décida de retourner au Japon. Son maître lui confirma qu’il était temps de transmettre à son tour l’enseignement du zen et aider ainsi les autres à s’éveiller à la vérité universelle . Dôgen reçut donc la transmission du Dharma de Tendo Nyojô.
Il rapporta au Japon seulement l’enseignement de shikantaza (juste s’asseoir) .
Ainsi, en 1227, Dôgen s’installa d’abord à Kennin-ji à Kyôto, au temple de Myôzen. C’est dans ce temple qu’il écrit juste après son retour de Chine son premier recueil : le Fukanzazengi, les règles universelles pour la pratique du zazen pour montrer comment pratiquer zazen ainsi que ses significations essentielles.
Puis Dôgen quitta le temple de Kennin-ji en 1230 pour s’installer successivement dans trois lieux, tous situés dans la région de Kyôto : tout d’abord Annyoin, un petit ermitage, puis finalement Kannondôri-in en 1233 , où fut construit un nouveau monastère inauguré en 1236, qui fut le premier monastère zen véritablement indépendant au Japon. Dôgen l’appela : Kannondôri Kôshôhôrin-ji.
A trente ans, il écrivit le Bendôwa ( discours sur le discernement et la pratique authentique de la Voie), s
Pendant la première période de pratique d’été en 1233, il écrivit le Hannya Haramitsu (Mahâ Prajnâ Pâramitâ). Ce court ouvrage est le commentaire de Dôgen sur le Sutra du Coeur.A l’automne de la même année, il écrivit le Genjôkôan. Ces deux courts écrits expriment sa compréhension des enseignements bouddhiques.
En 1234, Koun Ejô (1198-1280) devient son disciple et sera plus tard son successeur et biographe.
Au Kôshô-ji, il commença la rédaction des premiers chapitres de son œuvre monumentale : le Shôbôgenzô, (le Trésor de l’œil de la Vraie Loi), quatre-vingt-quinze volumes qui contiennent l’essence de sa vision philosophique et religieuse et examinent minutieusement l’esprit d’Eveil.
Entre 1233 et 1243, de nombreux disciples le rejoignirent et suivirent son enseignement. Sa renommée n’eut cesse de grandir. Il incitait à pratiquer assidûment et profondément comme le lui avait enseigné son maître Nyojô. Le succès de Dôgen, le souffle nouveau qu’il apporta à un bouddhisme sclérosé, lui attirèrent l’animosité, puis une hostilité grandissante de la hiérarchie cléricale. Et en 1243, des moines du mont Hiei tentèrent d’incendier son temple de Kôshô-ji.
En 1243, il quitte la région de Kyôto et, s’installe dans la province d’Echizen (de nos jours préfecture de Fukui). Grâce au don d’une résidence qu’il restaure, il fonde un monastère, d’abord appelé Daibutsui, on changea en 1246 son nom en Eihei-ji, temple de la paix éternelle, dont Ejô sera le supérieur après la mort de Dôgen. Aujourd’hui on l’appelle Daihonzan Eihei-ji.
Là, dans le calme de la montagne, il continua à enseigner le zen à ses disciples et poursuivit la rédaction du Shôbôgenzô et à pratiquer le zazen jusqu’en 1252 où, âgé seulement de cinquante-deux ans, il tomba gravement malade. Il se rendit à Kyôto pour se faire soigner, sans succès.
Il s’éteignit le 22 septembre 1253 au temple de Takatsuji.
Par la profondeur et l’originalité de sa pensée, Dôgen est souvent considéré comme le plus grand philosophe du Japon et l’un des plus importants penseurs de toute l’histoire du bouddhisme, l’égal de Nâgârjuna.
Ses œuvres
* 1227 : Fukanzazengi (Règles universelles pour la pratique du zazen).
* 1231-1253 : Shôbôgenzô, (le Trésor de l’œil de la Vraie Loi), quatre-vingt-quinze volumes qui contiennent l’essence de la vision philosophique et religieuse de Dôgen. *1231 : Bendôwa (Discours sur la pratique de la Voie).
*1234: Gakudô Yojinshû ( pour inciter l’esprit à étudier la Voie.)
* 1237 : Tenzo kyôkun, (Instructions au cuisinier zen).
* Eihei Shingi, recueil des règles du temple d’Eihei-ji
* Sanshô Dôei, recueil de poèmes
* Shôbôgenzô Zuimonki ( 1235-1238 )
* Eihei Koroku
« La couleur de la montagne,
Le son de la vallée
Tout ensemble
Est, de notre Bouddha Shakyamuni
La voix et la sainte posture. »
Dôgen.